23 novembre 2009

Six Cartes

Je suis né sur un coup de poker,
Vécu sous la tutelle d’un roi peu ordinaire
Et au dernier pli, trouverais mes repères.
Mes origines : six cartes, trois paires.

Au nom du père,
Au nom du père,
Au nom du père.

Au nom du père, celui qui n’en a point
Paire de testicules, mais père néanmoins.
Etait-ce pour des devises ou par curiosité
Qu’il offrit le liquide dont on fait nouveau né ?

Et quelles furent ses pensées lorsqu’il éjacula :
Ses yeux rivés vers le ciel ou sur un magazine ?
Sa tête, pleine d’amour ou pleine de vide ?
Savait-il que son sperme qu’une femme congela
Serait un garçon dans X jours plus 9 mois ?

Et ce petit bocal, qu’il remit en main propre
Le donna-t-il sans peine à l’infirmière en robe ?
Sur cette paire de cartes, je n’ai que des questions.
Je jouerai mes jokers, mais parmi les millions,
Un seul aura un cœur, unique affirmation !

Au nom du père,
Au nom du père,
Au nom du père.

Au nom du père, celui-là est comme le tien.
Enfin j’espère.
De ceux qu’on sent qu’il vous aime
Mais ne dit rien.

Petit garçon né à Bayonne
Il voulait faire bandes dessinées
Mais quand l’artiste se bâillonne
Il devient dessinateur de plans carrés.

Casse un peu pour voir les lignes droites de tes dessins !
Transforme l’Abeille de l’imagination en essaim.
Tiens bon les courbes comme tu tiens la main de maman :
Naturellement.

Et puis sinon…

Ton dard m’a piqué de toute façon !
Ainsi soit-il s’il n’a pu m’être transmis
Qu’en arrachant ton abdomen, dedans, son fruit
Je le ramènerai à la même ruche, chiche,
Mais je ne permettrai jamais qu’il soit talent gâché ;
Y ajouterais donc ton arrière goût de talent caché.
Sûr !
Sans ta piqûre,
Mes rimes auraient été moins riches, moins sucrées.

Roi de trèfle derrière sa dame de cœur.
Se croit valet, à peur et perd de sa valeur.

Au nom du père,
Au nom du père,
Au nom du père.

Au nom du père dit spirituel, concret
A ce jour autant que nuage de fumée.
Sans sexe et de sept mille visages,
Avec tous, collé à la rétine gauche
Derrière le sang, le foutre et les larmes,
Ce sourire en coin que rien n’amoche.

Ils peuvent tout perdre, ont déjà tout perdu.
Un bras après la guerre, un œil qui a trop vu,
Un être qui était cher, l’humanité foutue…
Mais ce qu’ils ont toujours et que toujours auront,
C’est ce sourire en coin puisque c’est ce qu’ils sont.

Encore d’autres rictus, nain jaune, sept de carreau
Encore d’autres rictus, tu sais bien qu’il m’en faut.
Paternel éternel, définit en un mot :
Autodérision.
As de pique, bouffon.

Ce sourire en coin que rien n’amoche.

Au nom du père,
Au nom du père,
Au nom du père.

Vous qui fîtes de moi un fils saint d’esprit,
Jouons cartes sur table pour que je reste ainsi.

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